Ohm serveur - résistance à la centralisation

Le moment idéal

Une conjoncture favorable me motive à tenter un auto-hébergement avancé :

  • L'écran de mon Dell XPS de 2015 donne des signes de faiblesse, mais reste une configuration honorable (i7, 16G RAM, 500Go SSD)
  • Le macbook de la même année revit grâce à une Fedora 35, il devient mon ordinateur quotidien (voir ce billet)
  • J'ai le temps

Voici mon plan framasoftien pour participer, à mon humble niveau, à la décentralisation. Le XPS deviendra un simple gestionnaire de machines virtuelles dédiées à différents services. Le premier sera un serveur YunoHost, au coeur de la démarche de décentralisation.

Ce serveur hébergera des instances de plusieurs services en ligne :

  • Misskey ou Pleroma, en remplacement de Mastodon et ainsi décharger Framasoft de mon compte framapiaf
  • Peertube, pour voir
  • Funkwhale, pour voir
  • EtherPad, EtherCalc, pour la collaboration dans différentes assos
  • Serveur XMPP, pour montrer d'autres solutions de messagerie instantannée autour de moi
  • ... et en fonction des besoins, on verra bien.

Je ne compte pas ouvrir les inscriptions sur les instances sociales - je ne me sens pas l'âme d'un administrateur-modérateur. Tous les autres services anonymes seront eux bien accessibles, dans la limite des ressources réseaux disponibles.

Test local

Il est extremement facile de créer des machines virtuelles (VM) sur linux. KVM est intégré au noyau, et le gestionnaire de VM souvent installé par défaut.

Une fois l'ISO de YunoHost récupéré, l'installation se fait sans douleur. L'interface d'administration est censée se trouver sur https://yunohost.local, mais pas dans mon cas : le gestionnaire de VM créé un sous-réseau. Je dois donc passer par l'IP pour afficher l'interface.

Par curiosité, je tente l'installation de Pleroma. A priori, ça fonctionne avec mon nom de domaine, même si je dois l'ajouter dans mon /etc/hosts pour cela - il faut que je change le mode réseau de la VM pour un mode bridge plutôt que NAT, à mon avis.

Mon compte Pleroma voit mon compte framapiaf \o/ La VM étant isolée, l'inverse n'est pas vrai, et la communication est perdue rapidement mais c'est prometteur.

Concernant XMPP : YunoHost installe automatiquement un serveur ! Je teste localement avec Gajim (un client XMPP pour linux) : ça marche \o/ Idem, je ne peux pas rejoindre de salon, mais c'est très certainement lié au caractère très local de ma configuration.

Grandeur nature

La première chose à faire est d'installer Fedora Server sur le XPS en faisant table rase du passé. Une fois l'installation terminée, j'ai accès à l'interface de gestion du serveur via Cockpit sur le réseau local. Une mise à jour des paquets et l'installation des outils de virtualisation est nécessaire avant de pouvoir installer l'application Machine qui offre une entrée Virtual Machines dans le menu principal.

Une petite bidoulle nécessaire : éviter que la machine se mette en veille lorsqu'elle est fermée.

Bridge

Les VM devront être sur le réseau local. Il faut configurer l'hôte de manière à proposer une interface réseau en mode Bridge

Yunohost

La première machine virtuelle installée sera donc YunoHost. Après la création de la VM, l'interface réseau choisie par défaut est le bridge, rien à faire donc de ce côté. Yunohost s'installe comme n'importe quel OS headless, l'interface de configuration est accessible par un navigateur sur une machine du réseau local. Contrairement à la documentation, htps://yunohost.local ne marche pas et je dois passer par l'IP que je trouve grâce à l'interface de configuration de la Freebox.

Ensuite, c'est la configuration du domaine :

  • je désactive les mails entrants/sortants et garde XMPP
  • je lance la configuration DNS. Heureusement je suis chez [Gandi] et tout cela semble automatisé !

Mais après la récupération de la clé d'API, j'obtiens :

Échec de l'enregistrement create AAAA/xxxx.org : list indices must be integers or slices, not str
Échec de l'enregistrement create CAA/xxxx.org : list indices must be integers or slices, not str

Et

Attente de la réponse du serveur

qui tourne en boucle sur [POST] /domains/xxx.org/dns/push?dry_run

Pourtant, dans ma configuration DNS Gandi, toutes les entrées de Yunohost apparaissent bien (sauf les deux entrées AAAA et CAA en erreurs évidemment). Il n'y a que deux erreurs; je les crée à la main depuis l'interface de gestion de Gandi et c'est bon.

C'est la seule VM sur le réseau qui mérite d'être accessible depuis l'extérieur pour l'instant. J'active la DMZ de la Freebox de manière à rediriger tout le trafic entrant vers elle.

La génération d'un certificat avec letsencrypt passe sans soucis.

La foire aux services

Yunohost est fonctionnel, et avec lui le catalogue d'application qui me happe. Résultat :

  • Pleroma ne fonctionne pas sur ma configuration, erreur à l'installation
  • Misskey s'installe correctement, mais j'ai tâtonné pour créer le premier utilisateur.
  • Etherpad, easy peazy
  • Funkwhale, easy peazy. Le système de fédération reste obscur pour moi, mais je vais creuser ça
  • Excalidraw s'installe correctement mais reste bloqué sur Loading scene lors d'une visite sur la page
  • Peertube s'installe proprement, mais le LDAP et l'envoi de mail ne fonctionne pas

Bidouilles

Peertube

Je n'ai pas reçu le mail contenant le mot de passe initial de l'utilisateur root. Il s'agit sûrement d'un défaut de configuration au niveau Yunohost : en effet, je ne souhaite pas utiliser l'auto-hébergement des mails, mais je veux le même nom de domaine. Même si Peertube a son propre sous-domaine, l'envoi initial se fait sur xxx@domaine.tld et les journaux de service postfix et dovecot semble me dire que le mail a bien été envoyé et reçu, sans sortir de localhost après l'installation.

Je me connecte en SSH sur le serveur Yunohost et scrute le répertoire local du serveur de mail :

sudo ls /var/mail/xxx/new

Le dernier mail est bien celui contenant le mot de passe pour l'utilisateur root de Peertube !

En root sur Peertube, je configure le LDAP comme expliqué dans ce mail, puis je me connecte en tant que xxx (mon utilisateur principal Yunohost). L'utilisateur n'est pas connu. Je tente de le créer à la main : un utilisateur avec cet identifiant existe déjà !

Test rapide : je me connecte avec un autre utilisateur Yunohost qui n'est pas partie prenante dans l'installation. Ça fonctionne. Il s'agit donc d'un conflit entre root et xxx, qui sont les mêmes utilisateurs Yunohost.

Je créé un utilisateur yunohost@ynh.domain.tld et j'en profite pour configurer le mail. Je réinstalle Peertube avec cet utilisateur comme root, et c'est tout bon.

Peertube installe un service Prosody (serveur XMPP) pour le live chat, même si je ne l'utilise pas. Il entre en conflit avec Metronome, le serveur XMPP de Yunohost. À suivre.

Misskey

Il faut que l'application soit dans les applications autorisées pour les visiteurs (Groupes et autorisations), sinon on a une page vide (à part les logos fork sur github et yunohost).

L'import de mes contacts framapiaf ne marchait pas. Le journal du service misskey de Yunohost indiquait

Blocked address : 127.0.0.1

Il y a effectivement une variable de configuration allowedPrivateNetworks qui permet d'autoriser localhost. Je le modifie en ligne de commande dans /var/www/misskey/.config/default.yml

Je redémarre le service misskey, et ça importe !

Je n'ai plus qu'à attendre que mes anciens contacts accepte ma demande de suivi et qu'elles et ils me suivent.

Premiers soucis !

Il n'aura pas fallu longtemps pour mettre tout ça KO ! Et pas de mon fait : le switch optique sur lequel je suis connecté a subit un incident. Résultat : mon serveur Yunohost n'est plus accessible.

Redondance

Dans l'idéal, il faudrait, je pense, une sorte de miroir qui prend le relais dans ces cas là. C'est beaucoup d'investissement pour pas grand chose. Au pire, je déplace le serveur ailleurs (rappel: c'est un XPS 13', donc très facile à transporter) et mets à jour le DNS chez mon fournisseur de nom de domaine.

Par contre, ça confirme que j'ai bien fait de garder mon Nextcloud sur un VPS externe. Si besoin, je me connecte en partage de connexion avec mon téléphone (ce que je fais pour publier ce billet)

Ma musiiiiiiiique !

Alors bien sûr, le web n'est pas mon métier, l'administration système non plus, donc il y en a qui vont bien rigoler. Soyez indulgent⋅es.

Mon instance Funkwhale est accessible depuis funkw.xxx.tld. Ce nom de domaine est défini par une entrée chez mon fournisseur de domaine. Donc... je ne peux pas accèder à ma musique en réseau local ! Il va me falloir me débrouiller pour que les connexions locales restent locales. À savoir : si je suis chez moi, la navigation vers funkw.xxx.tld me dirige directement vers 192.168.0.xx plutôt que <DNS> -> <fournisseur NDD> -> IP publique -> 192.168.0.xx.

Conclusion

Après une semaine d'auto-hébergement, je suis très satisfait. Les services supportés par Yunohost sont facilement déployés, même si il faut mettre un peu les mains dans le cambouis. Avec mes modestes connaissances, j'ai pu me dépatouiller seul donc je ne connais pas la réactivité de la communauté pour la résolution des problèmes - même si j'ai ma petite idée : j'ai eu quelques mentions en peu de temps sur le fediverse !

Funkwhale remplace maintenant totalement Kodi pour la musique, avec le gros avantage d'être accessible partout (sauf quand Free est cassé !).